B
ouzard écrivant son autobiographie... J'entends déjà les puristes crier au scandale ! Et pourtant, voici le deuxième tome de cette autobiographie d'un Bouzard fantasmé par lui-même. Beau, grand, blond, intelligent, amateur de musique classique… Non, vous avez raison, on n'y croit pas.
Par contre, Motorhead, la bière, des bras sans coude, un chien qui parle et de la bave au bord des lèvres pendant la sieste, là cela devient crédible. Tellement crédible que l'on souhaiterait ne pas l'avoir comme copain même si la vie n'est pas morne avec lui. Dessinateur de BD, il est sûr de détenir dans son crayon le trait divin qui va révolutionner le monde du 9e art. Mais seulement après un petit tour au rade du coin, un peu de jardinage, une petite sieste avec son chien et de longues réflexions, philosophique bien sûr, en abordant des thèmes aussi variés que le sens de la vie, les bienfaits du travail de la terre ou le doigté de Lemmy. Autant dire que les éditeurs n'ont pas cessé d'attendre le génie.
Vous l'aurez compris, Bouzard continue sa critique en règle de la mode actuelle à laquelle s'adonnent bon nombre d'auteurs : se raconter, se magnifier, se ridiculiser. Et pour ridiculiser, il en connaît un rayon le bougre. Absurdité, loufoquerie et autodérision sont du voyage pour ce récit fait d'anecdotes sur sa vie à la campagne (salut Manu) et ses doutes d'auteur face à la page blanche entre autre (salut Lewis). Toute ressemblance avec des faits réels ou des personnages existants serait purement fortuite.
Mais au-delà de la parodie, Bouzard construit un univers cohérent de loser attachant et continue son œuvre entamée avec La nuit du canard garou et le super héros "débile" Plageman. Moins déjanté, ce Bouzard a sûrement quelque chose d'autobiographique, quoi qu'en laisse penser son auteur. Peut être simplement dans cette façon de vivre : de l'insouciance et juste ce qu'il faut de stupidité pour être un imbécile heureux.
Certes les canons du graphisme académique sont bel et bien bafoués mais comme ils sont faits pour ça… Dans un gaufrier avec parfois une scéne s'étalant sur plusieurs cases, il nous offre un style gros nez, avec un trait rapide et épuré qui va à l'essentiel sans ommettre l'indispensable, des visages axés sur l'expression et bien sûr des bras sans coude caractéristiques. Le trait de génie n'est pas ce qui défini le mieux ce dessin mais il se marie si bien avec le contenu que l'on n'en voudrait pas d'un autre.
Le ridicule ne tue pas, la preuve : Bouzard est bien vivant et l'on s'en réjouit ! Immanquable.
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